J9

18 mars 2023

La poussière soufflée par la tempête hier soir est toujours en suspension dans le ciel au lever du jour. A l’ouest les nuages noirs barrent l’horizon.
A l’aube Ali et Moha repartent vers Tagounit avec leurs cinq chameaux, convenu au départ. Nous avons apprécié leur présence.
Arrivés hier soir de six dromadaires conduits par Idir et Brahim, rentrés en camion de l’oued Chbika au sud de Tan-Tan. Ils viennent de terminer 42 jours de traversée chamelière guidé par Ali accompagnant Michèle (78 ans), venue une dizaine de fois avec notre équipe. Son périple Saharien reliant Foum Zguid à l’Océan par l’oued Drâa s’est terminé hier. Projet rêvé des années et bloqué par le Covid.
Nous marchons dans la plaine et la douceur de l’air, notre ligne de marche sur l’horizon pointe le minaret de Tamgrout. Les pats légers nous foulons le sol de terre, à peine recouverts de petits cailloux colorés. Nous coupons un petit oued où a coulé un peu d’eau la dernière pluie et nous offre ces belles fleurs fragiles que nous évitons d’écraser avec nos pats.
Tout le groupe motivé pour arriver en fin de matinée pour vivre l’atmosphère d’un souk oasiens. J’apprécie particulièrement ce souk du désert qui me rappelle l’ambiance des marchés populaires d’il y a 30 ans. A la récolte des dattes les agriculteurs amènent sur leurs ânes chargés les différentes variétés, en vrac dans des chouaris, dans des caisses où maintenant des cartons de petites contenances.
L’approche du souk s’entend par les hauts parleurs criards vantant produits ou marchandises. Dès la porte du souk à ciel ouvert, nous découvrons un autre monde, villageois et nomades se croisent, venus acheter les objets de vie courantes, tables en bois, épices. Les légumiers étalent leurs fruits et légumes où sont encore accrochés quelques feuilles fraîches montrant la fraîcheur de leurs produits. Pêle-mêle sur le sol les outils utilisés pour l’agriculture oasienne et pour les campements nomades. On vient y réparer des objets usagés.
Les bergers arrivent de loin pour vendre leurs bêtes et effectuer les achats vitaux.
Nous rejoignons le coin gargote abrité du soleil par une bâche tendue, nous y buvons un thé. L’odeur des sardines cuites et des brochettes grillées, nous éveille l’appétit pour un petit casse-croûte.
Moments uniques pour découvrir ces lieux de vie du Sud oasiens et nomades.
Le parc pour les ânes et les mulets n’existe presque plus dans ce souk. Il y a quelques années, le « parking » aux animaux était remplit et un maréchal ferrant retaillait et ferrait les sabots. Les nomades viennent maintenant en motos.
Nos dromadaires sont baraqués à côté des vendeurs de pailles et de luzerne, Brahim leur a offert une botte de haricots séchés.
Nous remontons une rue au milieu des maisons en terre, un petit détour chez les forgerons. Le jour du souk, ces artisans travaillent pour réparer les « Timgueurt » petites faucilles dentées pour couper la luzerne où le henné, et « Tamskeurt » sorte de lourde machette à lame courbe (comme un piolet) pour trancher les palmes sèches et les régimes de dattes.
Arrivée à l’étape d’aujourd’hui dans le jardin de l’auberge Jnane Dar où nous passons deux nuits. La verdure se mélange simplement entre plantes fleuries et légumes. Les oiseaux et les chats se ravissent dans cette petite oasis en lisière de la poussière du désert et le rempart de Tamgrout.
Quelques tentes dont montées sous les palmiers, et des chambres calmes (à l’abris du vent) avec douches sont appréciées après cette première semaine de KAFILA.
3 heures de marche, 12 km, altitude 690 m.
Le hammam public de Tamgrout aura la visite des artistes – voyageurs, pour certain une découverte, pour d’autres un soin rêvé bien apprécié.
Au milieu du jardin la soirée est très agréable, douce, fraîche, nous apprécions la « pastilla » fourrée à la viande de dromadaires, spécialité de l’auberge.

Les voyageurs autrefois savouraient les haltes dans les caravansérails, lieux sécurisés pour leurs marchandises des bandits pillards qui attaquaient les caravanes. Repos pour les caravaniers, les voyageurs, également pour leurs montures, pour reprendre la suite du voyage.