J2

11 mars 2023

Certains artistes sont arrivés à Ouarzazate ce matin à 4 heures, venant de Marrakech.
Le départ en véhicules de Dar Daif s’est effectué à 10 heures. Les chauffeurs ont bien roulé, facilité par la route très améliorée rejoignant Ouarzazate à Zagora. Nous arrivons à M’hamed Ghizlane à 14 heures 30 mn directement au Seven Museum. Nous sommes accueillis par la charmante Nassira, qui a constitué un petit musée rassemblant les objets anciens de ses parents et grands-parents dans la maison ancienne de la famille datant de plusieurs siècles.
Nassira nous offre le thé Saharaoui parfumé à « L’aahlk » en Arabe, où « Tiffiza » en berbère (sève de l’acacia), servit dans des petits verres dont la moitié du liquide est une mousse suave, accompagnée d’une soupe harira.
Les responsables de l’Institut français à Rabat qui ont géré ce merveilleux projet sont là pour accueillir les voyageurs – artistes de cette résidence itinérante, et nous accompagnent cette première journée et soirée.
Nassira avec sa sœur et sa belle-sœur, nous ont préparé un magnifique couscous servit dans de grands plats « tazleft » où la famille entière se réunissait autrefois à dix personnes adultes pour déguster le couscous traditionnel. Les enfants se glissaient dans les espaces pour attraper de leur main quelques boules de semoule. Le chef de la fratrie partageait la viande suivant les besoins de chacun.
Là nous seront six personnes par plats à nous régaler.
Nassira nous raconte également l’histoire de sa famille, dont le grand-père serait venu du Mali, il était aussi médiateur entre les deux parties rivales du village.

L’entrée en matière est magnifique pour les participants à la caravane KAFILA. Cette ancienne maison en briques de terre, avec ses quatre piliers principaux est chargée d’histoire, le puits de lumière inonde une lumière tamisée et paisible. Brahim et Addi sont arrivés avec les dromadaires en bordure de la palmeraie et du village. Nous chargeons les sacs lourds de vêtements et du matériel technique que chaque artiste a amené avec lui pour travailler, s’inspirer et produire durant cette caravane atypique.
Nous traversons la palmeraie, ravis d’apercevoir quelques cultures nouvelles suite aux dernières pluies qui ont inondé le désert. La nappe phréatique est revenue, permettant aux motos pompes d’irriguer un peu les cultures.
Les dunes se dessinent entre les fragments de palmeraie asséchés. Un marabout à la sortie de la palmeraie nous attire pour une petite visite, son architecture est particulière. Sidi Ghalil, grand-père ancien de la famille Sbai. Son Macadam domine un immense cimetière, un caillou délimite les deux extrémités des corps. On peut savoir suivant la disposition des pierres s’il s’agit d’une femme, d’un homme, d’un enfant ou d’un nouveau-né.
La caravane louvoie entre ces premières dunes jusqu’au bivouac « du Petit Prince ». Le lieu est emblématique du festival Taragalte de musique traditionnelles et modernes qui attire chaque année des foules pour écouter vibrer les sons africains et Sahariens.
Bel accueil par les chanteurs « Rôkba », musique ancestrale Arabe du Drâa.
Nous sommes accueillis chaleureusement par les frères Sbai.
Dès leur arrivée au bivouac, les artistes ont été plongé en totale immersion avec programme de la soirée chargé.
Le soleil décline sur l’horizon, la rencontre et présentation des artistes avec les responsables de l’Institut Français du Maroc, s’effectue dans une pièce – tente couverte de tapis rouges.
Chacune et chacun se présente indiquant les thèmes de leur projet culturel porté durant la caravane KAFILA.
Hasna Chenaoui nous rejoindra d’une conférence scientifique qu’elle vient de donner à M’hamid Ghizlane sur les météorites dans le « bibliotobis » de l’Institut Français du Maroc qui sillonne les routes du Maroc. A l’occasion du projet Kafila, le bibliotobis est venu dans la vallée du Drâa au départ de M’hamid Ghizlane. Nous le retrouverons à Agdz.
Le professeur Hasna nous partage sa passion sur les météorites et nous éclaire des mystères cachés au fond du ciel et des astres. Hasna est chercheuse sur les météorites, spécialiste des cratères d’impacts. Elle enseigne à Casablanca où elle encadre des doctorants dans cette matière. Elle est présidente de l’association « Attarik Foundation » qui démocratise l’accès au grand public aux sciences des météorites et des astres.
La faim nous appelle. Nous nous délectons d’un succulent tajine de viande fondante de dromadaire.
Si Mohamed le mari d’Hasna, nous envoûtera sur la richesse des étoiles dans la mythologie grecque, munis de son faisceau lumineux pointant étoiles et constellations.
Un feu est allumé au milieu du bivouac, un jeune groupe de musiciens de M’hamid vient jouer un peu de musique Saharaoui moderne et inspirée au-delà du désert.
Brahim Sbai le maître des lieux et du festival Taragalt nous présente Khetagh Berbouchi, ancien nomade Arabe Hassania « Haghib ». Il a parcouru les pistes chamelières et les Kafilas du désert, parfois pour garder son troupeau de dromadaires avec d’autres nomades, qui suivaient les lieux arrosés par les pluies où ils poussaient les bêtes vers ces nouveaux pâturages. Il a nomadisé dans le Sahara jusqu’au Mali et en Algérie. Il nous raconte ses souvenirs jusque tard dans la nuit, toujours à la recherche des meilleurs pâturages et des puits.
Hanane de sa voie de conteuse traduira le récit de ses voyages et nous fera découvrir un petit peu de la vie de ces nomades du grand désert.
Khetagh est aussi un maître du thé Saharien. Nous avons savouré plusieurs de ses thés parfumés et cuits sur la braise du « feughna » (Brasero Saharien).