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7 avril 2023

Ce matin Ismail El Allaoui nous rejoint au bivouac, grand amateur ornithologique, enseignant dans la vallée du M’goun, membre représentant du Grépom (Groupe de recherche et études des oiseaux du Maroc).
Nous connaissons Ismail depuis 2007, il a effectué plusieurs formations sur les oiseaux pour l’équipe des guides de Désert et Montagne Maroc et du Riad Dar Daif. Nous offrons aux voyageurs la possibilité de découvrir ces merveilles de la nature.
Ismail vient aujourd’hui partager avec les artistes – voyageurs ses connaissances sur la richesse ornithologique de la région de Ouarzazate. Il aurait même fallu qu’Ismail nous accompagne toute la traversée tellement nous avons été étonnés par la grande diversité des oiseaux depuis les sables du désert jusqu’à la plaine de Ouarzazate. Le site du lac Mansour Eddahbi représente cinq mille hectares de zone ornithologique. Certains secteurs sont classée Ramsar depuis 2005. La rive sud du lac est un « hot spot » de zone humide protégée, ainsi que le haut Drâa tout proche.
Site important sur les routes des migrations où différentes espèces peuvent se reposer quelques jours où pour des périodes plus longues au cours de leur long voyage.
La zone de repos d’origine pour les oiseaux migrateurs avant la construction du barrage était le lac Iriki. Au printemps il se remplissait des pluies d’orages et de fontes de neige du haut Atlas.
Le site de Ouarzazate est devenu un système unique, à part entière. Renard, chat ganté, loutre, chacal nouvellement baptisé « loup doré d’Afrique », genette. L’hyène raillée a déjà été observée. Le cobra s’y trouve et autres reptiles.
La diversité ornithologique du bassin de Ouarzazate permet l’observation d’une riche avifaune. Elle peut se répartir en 3 sortes de types d’oiseaux :
Les oiseaux sédentaires où s’étant sédentarisés : héron cendré, tadorne casarcas, canard col vert, foulque macroule, perdrix gamba, balbuzard pêcheur, chouette hulotte, échasse blanche. Autour du lac on peut aussi apercevoir l’aigle Royal, l’aigle de Bonellie, la buse féroce est la plus répandue des grands rapaces.
Les espèces semi-sédentaires séjournent une partie de l’année telle la mouette rieuse, le canard souchet, la cigogne noir, l’avocette élégante, la huppe fasciée, le guêpier de perse. La cigogne blanche s’installe par colonies dans toute la grande région jusque dans les vallées habitées de l’Atlas. Son arrivée s’effectue mi-novembre et il est extraordinaire de les voire de rassembler. Elles tournoient pendant 3 jours juste au-dessus du bassin sud de Ouarzazate et il faut vraiment lever la tête pour observer ce ballet d’immenses cercles en continue. Ici on dit « Tamgra n’Issoua » le mariage des cigognes. Et tout d’un coup, elles disparaissent, chaque couple rejoint son secteur et son ancien nid. Fin avril, début mai, j’ai observé le même phénomène, les cigognes se rassemblent à nouveau et forment d’immenses cercles dans le ciel pendant plusieurs jours et tournoient de plus en plus haut et disparaissent vers le nord. Quelle vie sociale absolument incroyable à découvrir, à partager.
Les oiseaux migrateurs : Busard saint Martin, vautour fauve, rollier d’Europe, vautours percnoptère ou maria-Blanca.
Nous attendons les jours prochains des centaines de Milans noirs.
Les Flamants roses sont absents du rendez-vous annuel depuis quelques années ? Peut-être ont-ils changé de couloir de migration par manque de nourriture ou autre phénomène ?

Ce site de Ouarzazate mérite par sa grande richesse et diversité du milieu écologique unique, d’être mieux protégé, mieux étudié, il pourrait-être reconnu comme une des grandes zones phares du Maroc pour son éco- biodiversité où un festival annuel ornithologique pourrait s’y dérouler.
Ses nuisances sont : Les chiens errants par une grande déprédation, ce matin nous avons été témoins de 2 chiens qui courraient après les hérons cendrés, puis les tadornes casarcas qui bien sûr ont fuient, s’envolant suivis par d’autres espèces d’oiseaux. Les déchets plastiques, le passage des nomades transhumants car le bétail piétine les nids des oiseaux d’eau qui nichent dans les fourrés herbeux sur les rives du lac. Les pêcheurs avec leurs barques à fond plat viennent au bord des berges.
Chaque année le Grépom effectue le recensement des oiseaux du secteur avec quelques bénévoles passionnés.
Un vautour fauve trop fatigué a pu être récupéré et soigné avant d’être relâché.
Avec Ismail, nous travaillons pour monter une association de protection des oiseaux.
Ismail observe depuis 20 ans le Gypaète barbu à l’état sauvage, dans son fief du M’goun. Son étendue peut l’amener jusque dans la région de Ouarzazate. Il se nourrit d’os et de tendons, son système digestif aidé de fluides permet de décomposer ces aliments particuliers.
Au cours de notre observation ce matin accompagné par Ismail, nous avons pu apercevoir : un couple de buses féroce, une multitude de canards col vert, de tadornes casarcas, quelques guêpiers de perse. Tous observés d’assez loin pour ne pas les déranger car nous sommes nombreux et bruyants.
L’après-midi fut plus individuelle où chacune à et chacun a pu continuer à travailler, finaliser quelques croquis et dessins, images, tissages, collectes de pierres et de plantes, prises de sons et empreintes de pierres.
Dernière soirée intime avec l’équipe des chameliers, des guides et des « artistes – voyageurs » dans une résidence itinérante particulière, la caravane KAFILA.
Ce projet un peu fou, que j’ai rêvé pendant des années lors de mes grandes traversées dans le désert, quand on marche pendant des semaines sur l’horizon, l’esprit se détache, survol la plaine.
Ce soir le Ftor – repas est un peu festif. Les artistes résidents hier lors du passage d’un troupeau de chèvres et brebis ont acheté une chèvre avec l’assistance d’Addi, pour fêter avec les chameliers et les guides cette magnifique expérience partagée. Mohamed le chef cuisinier de Kafila à préparer ce chevreaux cuit à la vapeur. Une viande attendrie, parfumée, fondante. Étant proche de Dar Daif, j’ai commandé un dessert inventé par la maison 15 jours avant le départ de Kafila et parfaitement réalisé par Aïcha la cheffe pâtissière et cuisinière du riad Dar Daif, en même temps ma belle-sœur, sœur de Zineb mon épouse. Un tarte à base de farine de dattes et de figues, fourrée aux dattes et aux noix.
Le ciel est chargé d’humidité, nous nous endormons sous ce manteau nuageux très bas, la lune apparaît voilée, une très belle atmosphère.

Ce projet s’est mis en route sur le coin d’une table à Dar Daif avec Martin Chesnot ancien directeur de l’Institut Français du Maroc à Casablanca. La caravane a démarré de Foum Zguid il y a 3 ans, pour 3 mois de traversée artistique et culturelle, reliant M’hamid Ghizlane, remontant la vallée du Drâa jusqu’à Ouarzazate, franchissant l’Atlas au tizin Tellouet pour arriver dans la plaine du Haouz, Marrakech et la place Jema El Fna comme le faisaient encore en 1920 les caravanes après avoir un long voyage et traversée du désert, venues de l’ancien Soudan. Après quelques jours de repos, la caravane KAFILA repartait, longeant le piémont nord de l’Atlas pour atteindre l’Océan et emprunter l’ancienne route caravanière longeant la côte pour arriver à Essaouira, la fin d’un voyage fantastique, où les artistes – voyageurs dans une résidence un peu particulière auraient pu partager leurs travaux.
Le Covid a fait fermer les frontières et la caravane a dû s’arrêter, les « artistes – voyageurs » ont dû rentrer.
Une partie de la nouvelle équipe de l’Institut Français du Maroc s’est retrouvée par hasard le plus complet à Dar Daif fin d’année il y a 2 ans alors que les frontières étaient encore fermées. Nous avons partagé ce projet autour d’une autre table, et le format de KAFILA a pu revoir le jour.
Je remercie bien sûr la direction de l’Institut Français du Maroc, Agnès Humruzian directrice de l’IFM à Rabat qui a cru à la caravane KAFILA, tout particulièrement Ina Pouant qui a été l’ambassadrice de KAFILA, et Louise Guin le maillon fourmi qui a géré d’une main de maître ce grand projet.
Ce soir le repas est un peu festif. Les artistes résidents hier au passage d’un troupeau de chèvres et brebis ont acheté une chèvre pour fêter avec les chameliers cette magnifique expérience réussie