J14
23 mars 2023
Rive droite du Drâa nous marchons au travers de champs de cailloux noircis par des milliers d’années cuits au soleil.
Les chemins sont perpendiculaires à notre axe de marche, ils partent de la vallée vers les plateaux en face des villages, empruntés par les bergers et leurs troupeaux, nous marchons donc hors sentier.
Nous gravissons des collines séparées par des oueds, le relief est parfois raide.
Je suis étonné par l’endurance de nos chers artistes – voyageurs non entraînés pour la plupart à la marche dans ces terrains, un grand bravo pour leurs engagements et motivation.
A l’avant dernière gorge, le terrain est trop raide pour que nos chameaux assistances réussissent à passer. Nous descendons presque jusqu’à l’oued Drâa pour contourner cette langue rocheuse. Dans cette gorge nous découvrons les ruines d’une immense muraille construite en pierres, très écroulées, sur une pente particulièrement raide. Cela me fait penser au site du Jbel Tazagort, probablement de la même époque.
Cette montagne s’étire ensuite sur un plateau caillouteux. Ce type de terrain s’appelle « reg », couvert de gros cailloux, cela demande de l’attention pour marcher, difficile.
L’arrêt midi s’effectue à l’ombre d’un acacia, dont sa sève s’écoule en un liquide rouge sang. Excellent pour parfumer le thé chez les nomades du désert, une des vertus thérapeutiques.
A l’entrée de la dernière gorge sur la rive gauche, sur le pied des falaises nous découvrons les premières gravures rupestres. Des cavaliers sur leurs chevaux, chacun une « albarde » (sorte de lance) à la main. La gravure piquetée est plus longue que le cheval ! Une antilope très esthétique, un éléphant et un éléphanteau aux traits fins.
Peine à imaginer qu’il y avait dans le Drâa éléphants, crocodiles et buffles, alors l’oued devait être un fleuve constant depuis les montagnes du haut Atlas jusqu’à l’Océan.
Le faîte des tentes est éclairé des derniers rayons de soleil.
9 heures de marche, 20 km, 600 mètres de dénivelés, soit l’équivalant de 28 km effort à la vue du reg traversé, altitude 880m.
Journée de marche la plus dure.
À l’arrivée sous la tente, un petit goûter est toujours près avec quelques biscuits.
Après ce temps de détente chacun s’active pour savourer le bel éclairage de fin de journée, dessiner, travailler différentes matières et aussi une petite toilette.
Demain encore une journée de reg pour rejoindre le site de Foum Chenna, qui contient la plus importante concentration de gravures rupestres de la vallée du Drâa.