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25 mars 2023

GRAVURES RUPESTRES de Foum Chenna.
Ce matin nous avons la chance de la présence avec nous d’Aïcha Oujaa, Professeur paléoanthropologue et archéologue à INSAP (Institut National des sciences de l’archéologie et du patrimoine), qui va nous éclairer sur les gravures rupestres en général et principalement le site de Foum Chenna.
Ces gravures Lybico-Amazirt (nouvelle appellation au Maroc) et ce patrimoine archéologique, nous font remonter au temps de la première présence de l’homme dans cette région Sud du Maroc, Drâa – Tafilalet au paléolithique et au néolithique ancien.
Sur le site de Foum Chenna, deux milles cinq cent cinquante figurations de gravures sont représentées.
Il y a 3 fourchettes chronologique de représentations qui se suivent :
Phase un, les chevaux ne sont pas montés et en scènes avec d’autres animaux sauvages.
Phase deux : il y a la maîtrise de monter les chevaux, à cru (sans selle) avec dans la main une lance où un bouclier (pas les deux) et parfois tenant la crinière du cheval.
Troisième phase, le cavalier monte à cru ou avec une selle, ayant dans une main le bouclier, dans l’autre une lance ou une albarde. Ces œuvres représentent des scènes de chasses auxquels des chiens sont présents.
A la fin de cette phase d’occupation du site, l’homme a amené le dromadaire chargé avec la représentation probable de l’utilisation du palanquin (cellule en bois ou osier fixée sur la bosse du dromadaire où peuvent s’installer une femme et des enfants).
En général un tiers des gravures sont des cavaliers, deux tiers sont des chevaux, des bovidés, quelques animaux sauvages comme des félins, autruches, girafes et quelques inscriptions Lybico-Amazirt.
L’homme est représenté avec un bouclier (non décoré), une lance courte ou longue, parfois une albarde simple où munie à son extrémité de pics dirigés vers le bas comme pour arçonner l’animal chassé.
Il n’y a pas véritablement de scène de conflit, de bataille, l’homme semblait paisible. Il y avait peut-être des compétions de chasse.
L’homme de l’époque avait la nécessité de se protéger des animaux sauvages. Il habitait sur des pitons rocheux, des petites maisons en pierres et un rempart de pierres le protégeait. Sur le village construit juste au-dessus de Foum Chenna, sur la face nord la pente naturelle d’accès n’est pas raide et j’ai compté six remparts de murs en pierres en contrebas du site d’habitations.
Les figurations sont parfois disproportionnées volontairement mettant en avant la force de l’homme avec des lances où albarde plus longue que le cheval.
Les gravures de Foum Chenna sont approximativement datées de deux milles ans. Celles visitées hier représentant deux éléphants qui remontent à une période plus ancienne.
Il n’y a pas de peinture rupestre sur ce site, que l’on retrouve sur d’autres sites principalement plus au sud, ni de représentation féminine où de la féminité.
Il n’a pas été retrouvé d’objet sur ce site car malheureusement les sites et les tumuli sont pillés par les chasseurs de trésors.
Le site de Foum Chenna est maintenant gardé uniquement sur son accès du bas. Il y aurait la nécessité d’un gardiennage plus sécurisé. Les sites étant si nombreux et les tumulus des centaines de milliers sur le territoire.
Un projet de dossier de classement du site de Foum-Chenna à l’Unesco est en cours, et ce projet est à soutenir, car ces trésors laissés par l’homme sont uniques.
Nous remercions Aïcha Oujaa pour son enseignement et d’avoir accepté de se déplacer pendant le Ramadan sur le site depuis Casablanca, ainsi que l’Institut Français du Maroc pour la prise en charge de cet éclairage scientifique.

Nous remontons à pied avec les dromadaires « assistance » la vallée de l’assif Wiggane, de temps en temps nous croisons un fil d’eau qui glisse sur une dalle. Agréable ces clapotis d’eau qui s’écoulent, quelques algues d’un vert fluo contrastent avec l’environnement caillouteux du désert. Nous mouillons abondamment nos chèches, l’humidité permet de baisser la température d’au moins dix degrés.
Les touffes de lavandes sont fréquentes et leur parfum encore enivrant après que les saules des dromadaires les ai froissé.
Je m’écarte du groupe conduit par les deux Brahim, attiré par des ruines de murs de pierres qui dépassent en haut d’une montagne. Et comme j’apprécie grimper je monte dans cette pente de gros blocs et petite falaise pour accéder à ce sommet tabulaire à la recherche de gravures. Je tourne sur le plateau une heure trente et je n’en trouve qu’une assez moyenne ! A la descente je m’arrête pour observer une plante qui pousse entre ces gros blocs, j’en découvre seulement deux à l’intercale de trois mètres. Une sorte d’alchémille argentée, nommée chez les Aït Atta « Alzogh n’ Tili » (les oreilles des brebis) et « Ibaoun n’ilghoumane », (fèves des dromadaires) chez les Ait Khebach.
Je continue ma descente sautant d’un bloc à l’autre jusqu’à l’oued que je remonte en suivant les traces des semelles de chaussures laissées lors d’un passage sableux. Il me faudra trois heures pour rattraper le groupe. Par un col nous accédons à l’oued Rohb que nous remontons. Une petite pose à l’ombre d’un bosquet de palmiers sauvages. J’aime le bruit des palmes qui s’entrechoquent, agitées par l’air de fin de journée.
Notre bivouac est proche, installé sur un promontoire.
4 heures 30 de marche, 15 km, 300 mètres de dénivelés montée (pour le groupe !) soit l’équivalant de 18 km effort au vue des chemins empruntés, altitude 1220m.