J6
15 mars 2023
Symphonie d’appels à la prière, les voix des « moud’deuns » retentissent d’un minaret à l’autre au cœur de la palmeraie. Il est 6 heures 20 mn.
Départ de la caravane aux alentours de 8 heures 20 mn, nous traversons le village du Ksar Ait Gazou.
Notre direction est maintenant plein Est, nous coupons la plaine caillouteuse. Du sable s’est déposé sur le rebord de la montagne formant une petite dune, beau lieu pour un bivouac. Quelques acacias et un campement avec deux tentes se détachent sur l’horizon, des enfants jouent.
Le sentier s’élève en quelques lacets raides dans un vallon puis sur une vire, le parfum d’une touffe de lavande nous accueille.
Nous accédons au tizin’ Tayert alt 870 mètres.
Nous sommes dépassés par un nomade sur sa moto qui s’éloigne rapidement sur la trace de roues que forment ces motards du désert.
La vue au col est magnifique, lointaine.
En arrivant en bordure du cirque de Tafna, l’impression première est de rentrer dans le cratère d’un immense volcan. Il s’agit d’un effondrement géologique, avec une bordure presque circulaire.
J’apprécie ces espaces qui s’étirent sur l’horizon, dont il faut deux où trois jours à pied pour les traverser, la sensation de devenir si petit quand on rentre dans ces lieux, plaine d’un lac comme Iriki, Matarka, J’ghrifia, Ayounet Turkoz, et aujourd’hui Tafna.
Il faut comme s’extraire de son corps, marcher mécaniquement pour que l’esprit s’envole au-dessus de ces horizons. Impression paisible de rentrer dans un état métaphysique euphorique.
Descente rapide, nous coupons la plaine en une ligne qui s’étire jusqu’à « Tanout » Legda. Arrivée au puits après 5 heures de marche, 18 km, altitude 760 mètres.
Il fait chaud, nous apprécions la grande tente de toile pour manger abrité du soleil.
Chacun et chacune vaque à ses activités, douche, laver du linge, sieste, lire, choisir les cailloux ramassés, consolider des calques, soigner les doigts de pieds, terminer un croquis rapide, laver la vaisselle du midi, couper la courge rouge du soir, étaler la boule de pâte à pain. Simplement s’imprégner de la vie de la caravane, prendre le temps de capter ces moments de repos au cœur du désert.
Je m’éloigne à quelques centaines de mètres, j’apprécie l’ombre d’un petit acacia où je m’endors profondément. Je me réveille, le soleil est descendu sur l’horizon.